With the "educational renovation" of the 1970s, which insisted in a sometimes delirious way on the spontaneity, the creativity of the child, we forgot that in education there is a part of heritage, of inheritance, of tradition. For example, neither you nor I invented French or the elementary rules of politeness. To put it simply, creativity in grammar is called spelling mistakes!

Sa série "Sagesses d'hier et d'aujourd'hui" (Le Figaro/Le Point) rencontre un énorme succès en kiosque.<div>
Publié le <time datetime="2013-01-31T00:00" dir="ltr">31/01/2013 à 00h00</time>
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Temps de lecture : 4 min
Le Point : Votre série sur les "Sagesses d'hier et d'aujourd'hui" est un succès et va se prolonger de dix volumes. Comment interprétez-vous l'engouement des lecteurs pour cette collection ? <a href="https://www.lepoint.fr/tags/luc-ferry" dir="ltr">Luc Ferry</a> : Je n'ai pas voulu simplifier, résumer ou vulgariser la pensée des grands philosophes, mais au contraire exposer ce qui est le plus génial et le plus profond chez eux, ce que j'emporterais sur l'île déserte, comme on dit parfois. Si une de mes filles me demandait ce que je trouve absolument grandiose chez <a href="https://www.lepoint.fr/tags/platon" dir="ltr">Platon</a>, Spinoza ou <a href="https://www.lepoint.fr/tags/friedrich-nietzsche" dir="ltr">Nietzsche</a>, qu'est-ce que je lui dirais ? C'est au fond ça que je me suis fixé comme cahier des charges. Du coup, ça ne ressemble absolument pas à ce qu'on trouve d'ordinaire dans les manuels, car les pensées que j'expose sont vraiment fortes, donc passionnantes...A l'heure où le "French bashing" est un terme à la mode, il est sans doute bon de rappeler que la <a href="https://www.lepoint.fr/tags/france" dir="ltr">France</a> figure parmi les rares pays au monde où des ouvrages de philosophie peuvent encore être des best-sellers. Oui, la <a href="https://www.lepoint.fr/tags/france" dir="ltr">France</a> est peut-être le seul pays, avec l'<a href="https://www.lepoint.fr/tags/allemagne" dir="ltr">Allemagne</a>, où la philosophie occupe une place de premier plan dans la cité. Mes livres sont traduits à l'étranger dans une quarantaine de langues et je crois qu'en effet c'est d'abord parce que la passion pour la philosophie française reste très vive hors de nos frontières.Les vingt premiers volumes de la collection passaient en revue les grandes figures de l'histoire de la philosophie. Pour les dix suivants, vous allez vous pencher sur des sujets plus thématiques, comme l'éthique, le beau ou le progrès. Les grands philosophes seraient-ils en série limitée ? C'est vrai, les très grands sont peu nombreux. Mais j'aurais pu en trouver encore quelques-uns, sauf que je ne voulais pas réduire la philosophie à son passé. <a href="https://www.lepoint.fr/tags/hegel" dir="ltr">Hegel</a> disait qu'elle est avant tout "son temps saisi dans la pensée, l'intelligence de ce qui est", et je voulais montrer comment on peut, avec elle, penser les grands traits de l'époque, souvent beaucoup mieux qu'avec les sciences sociales. Il faut construire une philosophie du temps présent et c'est ce à quoi je travaille depuis des années, en proposant une lecture philosophique des grandes préoccupations d'aujourd'hui : la mondialisation, la crise de l'idée de progrès, les évolutions de l'éthique, l'apparition de l'amour comme principe de sens de la vie, par exemple.Vous consacrez ainsi un volume à l'éducation, qui s'intitule "La crise de la culture scolaire". Cela signifie-t-il que l'ancien ministre de l'Education est de plus en plus pessimiste sur l'école d'aujourd'hui ? Je ne suis pas pessimiste et j'aime mon époque. Je n'ai jamais plaidé pour un "retour à", aux blouses grises et aux plumes sergent major, à la IIIe République, etc. Ça ne m'empêche pas de constater que dans deux domaines, la civilité et la maîtrise de la langue, nous sommes en pleine régression. Avec la "rénovation pédagogique" des années 70, qui a insisté de manière parfois délirante sur la spontanéité, la créativité de l'enfant, nous avons oublié que dans l'éducation il y a une part d'héritage, de patrimoine, de tradition. Par exemple, ni vous ni moi n'avons inventé le français ni les règles élémentaires de la politesse. Pour dire les choses simplement, la créativité en matière de grammaire, ça s'appelle les fautes d'orthographe ! Je propose donc dans ce livret une réflexion de fond sur les problèmes de l'école, mais aussi des familles d'aujourd'hui.Vous allez également évoquer l'écologie. Vingt ans après votre "Nouvel ordre écologique", très critique sur certaines tendances de l'écologie, comment jugez-vous l'évolution de notre société ? Comme je l'écrivais déjà à l'époque, l'écologie s'est scindée en deux courants très opposés, avec d'un côté ceux qui plaident pour la décroissance, c'est- à-dire pour un changement radical de société, et de l'autre ceux qui sont seulement réformistes et qui veulent que le développement soit durable, "tenable". Derrière cette opposition cardinale, qui traverse toujours l'écologie contemporaine, il y a deux options philosophiques complètement différentes touchant non seulement le rapport aux démocraties occidentales, mais aussi la fameuse question des "droits de la nature". Ce sont ces arrière-fonds philosophiques que j'ai voulu tirer au clair...La série se conclura par un livret sur l'amour, l'un de vos sujets fétiches. En quoi l'amour serait-il notre nouveau sacré ? L'amour n'est plus dans nos vies un sentiment parmi d'autres, à côté d'autres passions telles que la colère, l'indignation, la peur ou la jalousie, mais il a acquis le statut d'un principe métaphysique de sens. Il est ce qui donne du sens à nos vies, et ce ne fut pas toujours le cas. Cette évolution est liée à une histoire passionnante, celle de la naissance du mariage d'amour et de la famille moderne, que j'ai voulu explorer pour en tirer les conséquences philosophiques en termes de sens de l'existence... <h3>Dix nouveaux volumes</h3>" Si l'on veut un jour penser par soi-même, il faut avoir l'humilité de commencer à penser avec les plus grands. " Fort de cette devise, Luc Ferry poursuit son périple philosophico-pédagogique et enrichit sa collection " Sagesses d'hier et d'aujourd'hui " de dix nouveaux volumes consacrés aux avant-gardes, à l'éthique, à l'éducation, au progrès ou à l'amour. A paraître chaque jeudi, en kiosque, à partir du 7 février.Tome 21 : " Naissance de l'esthétique et la question des critères du beau ", 8,90 E.

What’s an innovative and creative construction worth if it won’t stand upright?

Sa série "Sagesses d'hier et d'aujourd'hui" (Le Figaro/Le Point) rencontre un énorme succès en kiosque.

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Philosophy

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Creativity

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Politics

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Society, Arts & Culture

Sa série "Sagesses d'hier et d'aujourd'hui" (Le Figaro/Le Point) rencontre un énorme succès en kiosque.

Le Point : Votre série sur les "Sagesses d'hier et d'aujourd'hui" est un succès et va se prolonger de dix volumes. Comment interprétez-vous l'engouement des lecteurs pour cette collection ?

<a href="https://www.lepoint.fr/tags/luc-ferry">Luc Ferry </a>: Je n'ai pas voulu simplifier, résumer ou vulgariser la pensée des grands philosophes, mais au contraire exposer ce qui est le plus génial et le plus profond chez eux, ce que j'emporterais sur l'île déserte, comme on dit parfois. Si une de mes filles me demandait ce que je trouve absolument grandiose chez <a href="https://www.lepoint.fr/tags/platon">Platon </a>, Spinoza ou <a href="https://www.lepoint.fr/tags/friedrich-nietzsche">Nietzsche </a>, qu'est-ce que je lui dirais ? C'est au fond ça que je me suis fixé comme cahier des charges. Du coup, ça ne ressemble absolument pas à ce qu'on trouve d'ordinaire dans les manuels, car les pensées que j'expose sont vraiment fortes, donc passionnantes...

A l'heure où le "French bashing" est un terme à la mode, il est sans doute bon de rappeler que la <a href="https://www.lepoint.fr/tags/france">France </a>figure parmi les rares pays au monde où des ouvrages de philosophie peuvent encore être des best-sellers.

Oui, la <a href="https://www.lepoint.fr/tags/france">France </a>est peut-être le seul pays, avec l'<a href="https://www.lepoint.fr/tags/allemagne">Allemagne </a>, où la philosophie occupe une place de premier plan dans la cité. Mes livres sont traduits à l'étranger dans une quarantaine de langues et je crois qu'en effet c'est d'abord parce que la passion pour la philosophie française reste très vive hors de nos frontières.

Les vingt premiers volumes de la collection passaient en revue les grandes figures de l'histoire de la philosophie. Pour les dix suivants, vous allez vous pencher sur des sujets plus thématiques, comme l'éthique, le beau ou le progrès. Les grands philosophes seraient-ils en série limitée ?

C'est vrai, les très grands sont peu nombreux. Mais j'aurais pu en trouver encore quelques-uns, sauf que je ne voulais pas réduire la philosophie à son passé. <a href="https://www.lepoint.fr/tags/hegel">Hegel </a>disait qu'elle est avant tout "son temps saisi dans la pensée, l'intelligence de ce qui est", et je voulais montrer comment on peut, avec elle, penser les grands traits de l'époque, souvent beaucoup mieux qu'avec les sciences sociales. Il faut construire une philosophie du temps présent et c'est ce à quoi je travaille depuis des années, en proposant une lecture philosophique des grandes préoccupations d'aujourd'hui : la mondialisation, la crise de l'idée de progrès, les évolutions de l'éthique, l'apparition de l'amour comme principe de sens de la vie, par exemple.

Vous consacrez ainsi un volume à l'éducation, qui s'intitule "La crise de la culture scolaire". Cela signifie-t-il que l'ancien ministre de l'Education est de plus en plus pessimiste sur l'école d'aujourd'hui ?

Je ne suis pas pessimiste et j'aime mon époque. Je n'ai jamais plaidé pour un "retour à", aux blouses grises et aux plumes sergent major, à la IIIe République, etc. Ça ne m'empêche pas de constater que dans deux domaines, la civilité et la maîtrise de la langue, nous sommes en pleine régression. Avec la "rénovation pédagogique" des années 70, qui a insisté de manière parfois délirante sur la spontanéité, la créativité de l'enfant, nous avons oublié que dans l'éducation il y a une part d'héritage, de patrimoine, de tradition. Par exemple, ni vous ni moi n'avons inventé le français ni les règles élémentaires de la politesse. Pour dire les choses simplement, la créativité en matière de grammaire, ça s'appelle les fautes d'orthographe ! Je propose donc dans ce livret une réflexion de fond sur les problèmes de l'école, mais aussi des familles d'aujourd'hui.

Vous allez également évoquer l'écologie. Vingt ans après votre "Nouvel ordre écologique", très critique sur certaines tendances de l'écologie, comment jugez-vous l'évolution de notre société ?

Comme je l'écrivais déjà à l'époque, l'écologie s'est scindée en deux courants très opposés, avec d'un côté ceux qui plaident pour la décroissance, c'est- à-dire pour un changement radical de société, et de l'autre ceux qui sont seulement réformistes et qui veulent que le développement soit durable, "tenable". Derrière cette opposition cardinale, qui traverse toujours l'écologie contemporaine, il y a deux options philosophiques complètement différentes touchant non seulement le rapport aux démocraties occidentales, mais aussi la fameuse question des "droits de la nature". Ce sont ces arrière-fonds philosophiques que j'ai voulu tirer au clair...

La série se conclura par un livret sur l'amour, l'un de vos sujets fétiches. En quoi l'amour serait-il notre nouveau sacré ?

L'amour n'est plus dans nos vies un sentiment parmi d'autres, à côté d'autres passions telles que la colère, l'indignation, la peur ou la jalousie, mais il a acquis le statut d'un principe métaphysique de sens. Il est ce qui donne du sens à nos vies, et ce ne fut pas toujours le cas. Cette évolution est liée à une histoire passionnante, celle de la naissance du mariage d'amour et de la famille moderne, que j'ai voulu explorer pour en tirer les conséquences philosophiques en termes de sens de l'existence...

" Si l'on veut un jour penser par soi-même, il faut avoir l'humilité de commencer à penser avec les plus grands. " Fort de cette devise, Luc Ferry poursuit son périple philosophico-pédagogique et enrichit sa collection " Sagesses d'hier et d'aujourd'hui " de dix nouveaux volumes consacrés aux avant-gardes, à l'éthique, à l'éducation, au progrès ou à l'amour. A paraître chaque jeudi, en kiosque, à partir du 7 février.

Tome 21 : " Naissance de l'esthétique et la question des critères du beau ", 8,90 E.

Luc Ferry On (Educational) Renovation, Heritage, Creativity and Elementary Rules

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